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[Récit] L'Elfe et le Général

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[Récit] L'Elfe et le Général Empty [Récit] L'Elfe et le Général

Message par Estherna Mer 15 Jan - 19:23

La lueur du soleil levant découpait les contours irréguliers des murs effondrés, noyant la façade Est de ce qui était jadis une splendide cathédrale dédiée au culte de la Lumière, s’infiltrant par les orifices laissés par les vitraux depuis longtemps brisés en morceaux. La neige recouvrait les travées et les bancs pourris qui gisaient éparpillés autour de l’autel brisé. L’endroit avait été manifestement le théâtre d’une terrible bataille, comme en témoignaient les armes rouillées et les armures percées, certaines encore occupées par un squelette décrépi. D’immenses bannières déchirées apportaient la touche finale au délabrement du lieu.

La femme était recroquevillée, hagarde, dans ce qui était jadis le presbytère de la cathédrale, serrant contre elle une épée à l’air encore redoutable. Tremblant à cause du froid, elle ne pouvait que regarder devant elle, un point fixe, un plastron d’or et d’écarlate qui émergeait de la neige. Sans savoir pourquoi, celui-ci lui semblait important et familier, et l’envie de s’en saisir était aussi importante que la répulsion qu’elle en ressentait, comme si le fait de la revêtir la plongerait dans une spirale dont elle ne pourrait sortir.

Pourtant, elle savait qu’elle devrait bientôt faire un choix : soit abandonner l’armure ici, soit l’enfiler, bien qu’elle ne parvenait pas à se souvenir de ce qu’elle signifiait. En fait, elle ne savait même pas où elle était précisément, bien qu’elle soupçonnait le froid du Norfendre, sans pouvoir en être sûre. Pour la première fois depuis ce qui lui paru une éternité, elle se leva difficilement, et commença à s’approcher de l’armure, chaque pas faisant crisser la neige.

Elle s’agenouilla doucement devant elle, et, posant son épée dans la neige, commença à faire jouer les fermetures sur le flanc, afin de l’ouvrir. Las, celles-ci, rouillées par le temps, résistèrent un instant afin de s’effriter entre les mains de la jeune femme quand elle força un peu. Cependant, parvenu à son objectif, toujours obsédée par l’idée de l’enfiler, elle la posa sur sa poitrine, constatant sans réelle surprise qu’elle était parfaitement ajustée à ses formes. Alors qu’elle refermait l’armure, elle sentit quelque chose s’éveiller au fond d’elle, des sensations, des bribes de souvenirs, mais rien qui ne lui permirent de savoir qui elle était, ni ce qu’elle faisait là. Ramassant son arme, elle se dit que si ce plastron avait pu lui rendre une partie de ses souvenirs, peut être que sa mémoire reviendrait avec les pièces de son armure.

Alors qu’elle sortait du presbytère, un bruit de pas de chevaux et d’un cavalier qui descend de sa monture monta de l’extérieur de la cathédrale. Inquiète, elle se colla contre le mur ouest de la bâtisse, scrutant l’entrée dont la voûte s’était en partie effondrée. C’est alors que paru dans l’encadrement une silhouette enveloppée dans une longue cape qui lui cachait le visage mais pas le harnois qu’elle portait en dessous, ni la grande épée dans le fourreau sur son dos. Doucement, la femme entreprit de mieux se dissimuler derrière un des piliers, observant toujours l’intrus.

Ce dernier s’avança doucement, semblant chercher quelque chose de précis dans les décombres, s’arrêtant à plusieurs endroits, déblayant la neige d’une main gantée de fer. Finalement, il s’arrêta, semblant avoir découvert quelque chose. Dégageant un gantelet, il tira dessus, amenant la main squelettique avec, avant de le regarder avec intérêt, étudiant les motifs gravés dessus.

La femme, au fond d’elle, fut outrée par la profanation de la sépulture opérée par l’étranger, sans parvenir à savoir pourquoi cela la touchait tant. Serrant un peu plus fort le pommeau de son épée, elle pivota lentement le long du pilier, de manière à se placer dans le dos de l’intrus, puis se jeta sur lui afin de lui trancher la tête.

La vitesse de la réaction de son adversaire la prit par surprise, tout autant que celle à laquelle il dégaina son arme, se préparant à contre attaquer à la moindre ouverture. L’humaine, naturellement, se coula dans une posture de combat. Doucement, son adversaire commença à se déplacer sur le coté droit, décrivant un cercle dans la neige, le visage dissimulé dans sa capuche, tandis que la neige commençait à tomber par les trous du toit. La femme réagit en commençant elle aussi à tourner dans le même sens, chacun guettant une ouverture dans la garde de l’autre.

Soudain son adversaire se précipita en avant, lançant un coup en taille sur le flanc gauche que la femme para vivement, créant une étincelle alors qu’elle reculait de quelques pas avant de contre-attaquer par un coup vertical destiné au crâne de son ennemi, qui esquiva d’un bond sur le coté. Plongeant l’épaule en avant, la silhouette heurta durement le plastron, qui, mal attaché, s’ouvrit et tomba dans la neige, tandis que la femme se cogna contre l’autel brisé. Par pur réflexe, elle saisit la capuche de son adversaire et tira de toutes ses forces, déséquilibrant son porteur tandis qu’elle l’arrachait.

La silhouette se laissa tomber dans la neige et effectua une roulade sur le coté, pour se rétablir sur ses pieds, dardant la femme d’un œil vert unique, l’autre caché par ses cheveux blonds. Elle constata que c’était une elfe de sang à l’air furieux, avant que celle-ci ne reparte à la charge. La femme se rétablit sur ses pieds et se projeta sur la taille de son adversaire, prenant appui sur l’autel. L’elfe, surprise, ne put esquiver, et les deux roulèrent dans la neige, perdant leurs armes au passage. La femme, avec l’énergie de la peur, commença à décocher des coups de poing en direction du visage de son adversaire, tandis que l’autre essayait de les esquiver et de les arrêter.

Soudain, alors que l’humaine était parvenue à avoir le dessus et qu’elle s’apprêtait à rouer de coups l’elfe, elle sentit un contact froid et pointu contre son sein. Baissant le regard, elle constata qu’une dague était pointée sur son cœur, dague tenue par l’elfe.

« Est-ce qu’on pourrait discuter avant de s’entretuer ? » dit elle avec une colère non dissimulée

Sentant que résister ne servirait à rien, la femme leva ses mais au dessus de ses épaules en signe de reddition, puis se dégagea de son adversaire. Cette dernière se redressa et essuya le sang qui coulait de son nez en maugréant, avant de ranger sa dague à sa ceinture.

« Vous êtes toujours aussi timbrée vous !
- Vous savez qui je suis ? demanda la femme, incrédule
- Qui ne le sait pas par ici ? Vous dirigiez cette ville.
- Qui… qui
- Je m’appelle Estherna Chante-Soleil, je suis paladin indépendante et je cherche quelque chose qui ne vous regarde pas. »

La femme regarda l’elfe un instant, puis inspira avant de demander :

« Non… qui suis-je ?
- Vous l’ignorez ? » demanda le paladin, d’un air profondément surpris

L’humaine hocha doucement la tête, définitivement perdue.

« Alors écoutez bien, reprit l’elfe. Vous vous appelez Abbendis. Brigitte Abbendis. Et vous êtes le Haut Général de la Croisade Ecarlate.»
Estherna
Estherna

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[Récit] L'Elfe et le Général Empty Re: [Récit] L'Elfe et le Général

Message par Estherna Mar 9 Sep - 20:41

"Abbendis ? répèta la femme. Ce nom... ce nom ne me dit rien.
- Pourtant, je peux vous assurer que c'est bien vous.
- Comment pouvez vous en être aussi sûre ?
- Ce n'est pas la première fois que nous nous rencontrons. Nous avons combattu ensemble au cours de la seconde guerre.
- La seconde guerre ?
- Oui, quand nous étions dans la Main d'Argent. Ca remonte à loin maintenant.
- Je... je me souviens de m'être battue contre les Orcs à l'époque... oui, c'est un plus clair maintenant. Mais... il y avait quelques elfes parmi nous... Mais je ne me souviens de personne qui vous ressemblait.
- Même pour nous autres, le temps n'est pas un ami très chère.
- Mmh... et que faisiez vous ici d'abord ?
- Je viens apporter les derniers sacrements à ceux qui sont tomber ici. Ils n'ont jamais eu le droit aux rites de la Lumière."

L'elfe, finissant d'essuyer son nez, se leva en s'appuyant sur une colonne et s'approcha du centre de la cathédrale, sous le regard de l'humaine, obnibulée par le spectacle. Estherna, debout au milieu des décombres, la neige tourbillonnant autour d'elle, leva les bras, paumes au ciel, et commença, les yeux mi-clos, à réciter un chant en commun à l'air triste, qu'Abbendis reconnu comme étant une prière aux âmes des morts.

Alors qu'elle chantait, les flocons autour d'elle s'illuminaient les uns après les autres avant de s'éteindre dans une volute de fumée. De son corps montaient des volutes de fumées blanches, qui oscillaient à la mesure du chant. Alors que la prière atteignait son apogée, l'elfe ferma doucement les yeux et leva les mains au ciel, un rayon de lumière l'enveloppa puis sembla se répandre au sol comme de l'eau, engloutissant les ruines et les corps.

Quand finalement le chant mourut, la lueur s'éteint à son tour, laissant apparaître le sol dallé de la cathédrale, vide de neige et d'ossements. Seuls restaient, vides et rouillées, les armures écarlates, gisant, incongrues, sur le sol. L'elfe réouvrit doucement les yeux, un léger sourire se dessinant sur sa bouche. Semblant se détendre, elle fit demi-tour comme pour sortir, avant de s'arrêter pour regarder l'humaine.

"Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire de vous.... dit elle, d'un air las
- C'est à dire ?
- C'est à dire que vous êtes sensée vous trouver parmi les cadavres de cet endroit.
- Pardon ?
- Vous êtes morte dans cette bataille Abbendis. J'ai même entendu dire que vous aviez été décapitée....
- Mais pourtant...
- Pourtant vous êtes vivante oui.
- Comment ?"

L'elfe haussa les épaules avant de contempler l'endroit à nouveau, son regard s'arrêtant sur un morceau de métal jeté dans un coin. Marchant jusqu'à là, elle se pencha pour le ramasser et se retourna, l'étudiant alors qu'il était au creux de sa main, avant de le donner à Abbendis.

L'objet, de métal blanc, était un crucifix du culte de la lumière, bosselé et rouillé. Alors qu'elle relevait les yeux pour demander à l'elfe de développer, cette dernière se contenta de dire :

"Qui suis-je pour expliquer les voies de la Lumière ? On dirait qu'elle vous a ramenée pour une raison particulière. A vous de trouver ce qu'elle attend de vous....
- Ce qu'elle attend de moi ?" répondit l'humaine, avec une fureur qui la surprit elle-même, lançant le crucifix à travers la cathédrale, qui rebondit sur le sol dans un bruit métallique.

"Je suis venue jusqu'ici parce qu'elle me l'a demandé ! J'ai amené des gens qui avaient confiance en moi en son nom ! Et ils sont tous morts ! Tous ! TOUS !" hurla t'elle, tandis que les souvenirs des événements passés commençaient à remonter à la surface. "Et à quoi ça m'a servie ? Je suis morte ! Et elle me ramène ? Pourquoi ? Pour que je puisse encore désespérer de mon échec ? Que je constate à quel point je me suis trompée ? Si c'est le cas, la Lumière est une maîtresse à la cruauté infinie !"

L'elfe sourit un instant, puis reprit d'une voix douce :

"Vous ne voulez pas savoir pourquoi la Lumière vous a conduite ici ?
- A quoi bon ?
- Vous auriez vos réponses. Des réponses qu'hélas je ne puis vous donner, car je les ignore.
- Et qu'est-ce que ça changera ?
- Peut être rien, peut être tout. Je cherche moi aussi des réponses, et le Norfendre est un continent bien vide à présent.
- ...
- Quoiqu'il en soit, je vais vous conduire jusqu'au Repos du Ver. De là, vous pourrez probablement trouver un moyen de rejoindre le Royaume de Hurlevent.
- Pourquoi faites vous ça ?
- Faire quoi ?
- M'aider. Je commence à me rappeller qui j'étais. Ce qu'était l'Assaut Ecarlate. Nous étions probablement ennemies avant. En tout cas, je n'aurai pas hésité à vous tuer....
- Et alors ? C'était il y a longtemps, et la Lumière me demande de savoir pardonner. Si elle vous a ramenée, c'est pour vous donner une autre chance. Qui suis-je pour vous la prendre cette chance ? Allez, cessez de tergiverser et venez donc, la route est longue jusqu'au Repos du Ver."
Estherna
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